CONCEPTION

Hélène Perret

CRÉATION ELECTROACOUSTIQUE ET REALISATION SONORE

Eddie Ladoire

EXTRAITS DE TEXTES DE MARGUERITE DURAS

Un Barrage contre le Pacifique / L'Amant / L'Amant de la Chine du Nord

VOIX

Stéphanie Cassignard et Judith Gars

ACADEMIE INTERNATIONALE D'ORFORD, Office Artistique Région Aquitaine

Les Bruits du dehors

Création sonore, cinéma pour l’oreille ou série d’images phonographiques

A PROPOS

Dans l'oeuvre de Marguerite Duras, les lieux ne servent pas uniquement au décor, à l’arrière-plan. Ils sont le point de départ de l’écriture, ils permettent le surgissement du souvenir et donnent la possibilité de reprendre la même histoire, de la développer, de la modifier.

Dans les romans du cycle indochinois, peu à peu, les lieux vont être ramenés à une vision immédiate, imprévue et instantanée de l’écrivain, à une sorte de transcription improvisée d’une hallucination visuelle de l’auteur plutôt qu’à une visualisation descriptive détaillée. L’image est épurée, les lieux ne sont évoqués qu’à partir de quelques perceptions visuelles et auditives.

Faite de bruits et de silences, de sons, de la pluie, de la mer, de cris, de murmures de la ville, de piano, de chants, de musiques, l’œuvre est, de manière évidente, très sonore mais, à la lecture, on retrouve surtout quelques principes de la création phonographique : instantanéité, modulation, répétitions, résonnances et fixité. 

De l’espace civilisé et habité de la ville, l’auditeur est transporté vers un espace primitif et sauvage, la forêt. L’eau, élément osmotique omniprésent qui réalise la fusion avec les autres éléments, permet ce passage. Mimant l’écriture de la représentation instantanée de Duras, faisant défiler les images suggérées d’un cinéma pour l’oreille, figurant l’épuisement de la représentation de l’espace indochinois, la création proposée provoque le surgissement d’images phonographiques, comme s’il ne restait plus, de cette histoire ressassée, de la persistance des lieux de l’enfance, que la bande-son qui aurait pu en être faite, une trace sonore.

 
Créée en 2008 sous la forme d’une pièce électroacoustique immersive lors d’une résidence à l’Académie internationale Orford Musique au Québec ,

la première version de l’œuvre « Les Bruits du dehors » a été présentée la même année au SCRIME (Université de Bordeaux), puis en octobre 2014, dans le cadre d’une promenade sonore imaginée par Anne-Laure Chamboissier pour le parcours d’œuvres Hors les Murs de la FIAC, « Les Berges de Seine », à Paris.

Elle a fait l’objet d’une reprise en version théâtrale

lors d’une résidence à l’Office Artistique de la Région Aquitaine et a été présentée dans le cadre du Festival Ritournelles de Permanence de la Littérature en décembre 2012.

En juin 2018, une troisième (et définitive) version de l’œuvre, prenant de nouveau la forme d’une pièce électroacoustique en trois mouvements, est créée lors d’une résidence à la Villa Saïgon de l’Institut Français du Vietnam et présentée au centre cultuel Salon Saïgon.

 

marguerite-duras-des-images-qui-nous-parlent-d-elleM145494-1

"L'écriture courante, c'est ça, celle qui ne montre pas, qui court sur la crête des mots, celle qui n'existe pas, qui a à peine le temps d'exister. Qui jamais ne "coupe" le lecteur, ne prend sa place. Pas de version proposée. Pas d'explication"

"La dimension immersive de la production sonore permet aux auditeurs soit de retrouver le Palais qu’ils connaissent ou ont connu, soit d’en imaginer les espaces et les activités."

MD. Entretien du Nouvel Observateur n°1033, 1984.
PROJET

Les Bruits du dehors

LIEUX

Orford, Bordeaux, Ho Chi Minh

DATE

2008-2018

Principes de composition

La pièce Les Bruits du dehors se développe en trois mouvements, à partir d’éléments spatiaux omniprésents dans l’œuvre romanesque de Marguerite Duras : la ville, l’élément aquatique, la forêt. Les textes choisis parmi les romans qui réfèrent à l’espace indochinois révèlent chacun un lieu ou un espace. A partir de cette évocation, en mimant l’écriture de la représentation instantanée, quasiment photographique de Duras, surgit l’image phonographique.

La Ville : La première apparition est la phonographie d’un paysage urbain. Déjà, dans L’Amant, la description de l’espace urbain est quasiment de la phonographie mais retranscrite.

« Dans le premier livre elle avait dit que le bruit de la ville était si proche qu’on entendait son frottement contre les persiennes comme si des gens traversaient la chambre (…). On pourrait dire là aussi qu’on reste dans l’ouvert de la chambre aux bruits du dehors qui cognent aux volets, aux murs, au frottement des gens contre les persiennes. Ceux des rires. Des courses et des cris d’enfants. Des appels des marchands de glaces, de pastèque, de thé » (L’Amant de la Chine du Nord).

L’eau, le fleuve, la pluie, la mer : La seconde est la phonographie d’un fleuve embarquant tout sur son passage. L’élément aquatique permet le passage, le voyage et l’éloignement vers un troisième espace, la forêt. Il fait le lien entre les trois mouvements.

« La pluie. Sur les rizières. Sur le fleuve. Sur les villages de paillotes. Sur les forêts millénaires. Sur les chaînes de montagnes qui bordent le Siam. Sur les visages levés des enfants qui la boivent » (L’Amant de la Chine du Nord)

Dans l’œuvre de Marguerite Duras, l’élément aquatique est omniprésent. L’eau recouvre les terres, charrie les maisons. C’est un élément osmotique qui réalise la fusion avec les autres éléments. Ainsi, l’eau contamine même l’élément végétal.

La forêt : De l’espace civilisé et habité de la ville, de la maison, l’auditeur est transporté vers un espace primitif et sauvage, la forêt.

« Ils laissèrent les champs d’ananas et pénétrèrent dans la forêt. Il y faisait par contraste une fraîcheur si intense qu’on croyait entrer dans l’eau » (Un Barrage contre le Pacifique, p. 338).

C’est non loin de cette forêt que l’on rencontre les enfants de la plaine, affamés, qui se transforment peu à peu en oiseaux :

« Il y avait beaucoup d’enfants dans la plaine. C’était une sorte de calamité. Il y en avait partout, perchés sur les arbres, sur les barrières, sur les buffles… » (Un Barrage contre le Pacifique, p.115).


Un projet ?

Un projet ?
Un projet ?

© Unendliche Studio - 2022 - Mentions légales

© Unendliche Studio - 2022

© Unendliche Studio - 2022

Back to top Arrow
View